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au travail incessant et héroïque, la personnalité de Victor Hugo se dégage intacte, épurée et certainement agrandie. Toutes les mauvaises légendes que l’envie avait fait circuler disparaissent au toucher de cette vérite palpable, comme des oiseaux de nuit s’échappent frisonnants au premier jet de lumière. Victor Hugo est visible devant nous. Or, qui vaut mieux que lui ? Nous trouverions plus aisément ceux qui lui sont inférieurs. Un grand esprit complétant une grande âme, voilà ce que nous montre ce livre. Que les calomnies reviennent donc à leurs inventeurs, et qu’à partir d’aujourd’hui celui qui a sottement recueilli ces rapsodies envieuses ait un regret ; que celui qui les a propagées ait un remords !

C’est un bon livre, avons-nous dit également. Oui, car à chaque page rayonne dans un exemple tantôt la conscience, tantôt l’honneur, tantôt la conviction, toujours une vertu ! Souhaitons aux hommes des générations nouvelles que ces vertus soient leur proie, selon la belle expression d’Aristote. Us doivent suivre un guide qui nous conseille le culte de la famille, la pauvreté fière et studieuse, le dédain du succès que le travail n’a point préparé, la foi réfléchie à l’éternelle religion de l’art. Allez à votre triomphe, ô livre, ô vie, qui portez avec vous de tels enseignements !

Et vous, mystérieux auteur, quand la publicité n’aurait pas livré votre secret, n’eût-on pas deviné, en dépit de l’anonyme, que vous étiez une femme et de celles qui sont les inspiratrices des héros ? Votre tact, votre délicatesse, vos réserves mêmes, l’exquis en