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Le groupe intelligent des doctrinaires faisait alors cause commune avec lui et, sauf quelques réserves, l’autorisait de son alliance. Leur revue, le Globe, avait mis le talent incisif, l’érudition rajeunie, le sérieux imposant de ses collaborateurs au service de la nouvelle école. M. Dubois avait ouvert la marche ; M. de Rémusat, cet esprit si jeune encore en 1863, ce lettré par excellence, se déclara pour Cromwell ; M. Duvergier de Hauranne, ce jouteur de la politique, rompit une lance pour Hernani ; M. Magnin établit dans le journal la défense du romancier avec l’étendue d’esprit du novateur et le tact de l’homme de goût. Le Globe envoya encore à Victor Hugo un de ses rédacteurs qui devait être pendant quelques années l’Ali du nouveau prophète, le disciple de cœur et l’apôtre armé, M. Sainte-Beuve, grand critique dès son premier livre, grand poëte dès ses premiers vers.

Que de bonnes, que d’illustres amitiés s’étendaient sur le héros assailli ! Et cette grande âme de Jules Le Fèvre, et cette âme charmante de Nodier ! Le groupe ami que l’on commençait à appeler la Pléiade, outre Le Fèvre et Sainte-Beuve, se composait d’Alfred de Vigny, de Musset, si bien accueilli par Victor Hugo à ses débuts, de Jules de Rességuier, des deux frères Deschamps, Émile, le poëte de Rodrigue, Antoni, l’interprète du Dante, tous deux alors si novateurs dans le rhythme et dans la facture, si maîtres de la langue, à jamais inséparables de celui qu’ils secondèrent de leur talent, de tout leur esprit, de tout leur cœur. Béranger, plus clairvoyant que les autres