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geste olympien ils ont couronné leur patrie ! Ah ! de tels hommes — où sont-ils maintenant ? Saint-Point en deuil et Guernesey me répondent ! — devraient vivre parmi nous dans une perpétuelle apothéose, familiers à tous les regards émus de tendresse, désignés à l’admiration des étrangers par la foule attentive, « digito prœtereuntium ». Mais, à défaut de ces priviléges archaïques, renouvelés de Pindare ou de Pétrarque, il convient à ceux qui comprennent l’immense service rendu par de tels maîtres à la langue énervée et à la poésie agonisante de leur dédier cet hommage persistant d’une curiosité fervente qui, derrière le poëte, cherche l’homme et porte son enquête sur la vie de ces initiateurs pour y trouver, dans un nouvel ordre, de nouveaux motifs de reconnaissance et d’admiration envers eux.

Ainsi, quel véritable lettré n’a senti passer dans son cœur un tressaillement contagieux à la seule annonce de ce livre : Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie, et que pouvons-nous promettre aux admirateurs innombrables de Victor Hugo, sinon à tout moment les émotions les plus puissantes et les plus délicieuses, et, dans l’ensemble, la réalilé vivante de leur rêve le plus enthousiaste comme le plus confiant ? Pour qui sait comprendre, pour qui sait aimer les grands écrivains, aucun moment de ces existences sacrées ne saurait rester dans l’ombre. Tout le germe d’un chef-d’œuvre peut se trouver recélé dans une imperceptible circonstance, tant les impressions premières, les premiers spectacles aussi, les insistances de l’éducation, con— :