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Calendal atteint cette grandeur morale, si difficile à surprendre : c’est quand il apaise la querelle des compagnons. Dans celte intervention par la parole, le rôle du jeune homme grandit : il devient l’interprète éloquent de la charité chrétienne, de l’éternelle justice ; c’est l’Orphée du travail, FAmphion de la fraternité. Pour tout dire, c’est un héros ; si nous ne le trouvons pas aussi grand ailleurs, partout il étale une bravoure, une allégresse vaillante, une bonté de cœur, qui ne cessent de ravir et d’entraîner. Il vit, et non pas de cette vie éphémère et chimérique qui est celle de la réalité. Dans l’art rien n’est vrai que le type. Calendal a droit à ce titre, car en lui s’incarne dans sa simplicité et dans son ardeur naïve la nature méridionale formée par le paganisme, achevée par le catholicisme. Imaginez-vous le pasteur sicilien qu’a vu Théocrite, subtil et ingénu, , fougueux et tendre, le trouvère du moyen âge, aussi farouche, mais relevé par la ferveur amoureuse et la loyauté chevaleresque, et enfin le Provençal de l’armée d’Italie, si gai et si rieur dans ses allures intrépides. Mêlez toutes ces nuances d’un type persistant, et vous aurez sous les yeux Calendal.

L’œuvre qui nous offre un pareil personnage n’est pas une œuvre ordinaire. Les beautés poétiques y abondent. C’est plutôt un recueil d’odes qu’un poëme ; mais souvent quelles odes impétueuses et lyriques, dans toute l’étendue de ce mot ! Toutes les descriptions nous paraissent d’une merveilleuse richesse, sans jamais se perdre dans la surabondance. C’est d’une précision et d’une proportion antiques. J’ai noté le discours