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mort. Moins sympathiques, moins curieux, ces dogmes ont encore inspiré Leconte de Lisle, surtout dans son dernier recueil. — Le poëte n’est remonté vers la Judée qu’assez tard. Ses poèmes, la Fin de l’homme et la Vigne de Naboth, sont dignes des fragments bibliques de la Légende des siècles. L’islam pouvait abondamment fournir à cette riche imagination. Les féeries du Coran, les innombrables récits du désert, la sainteté des califes parfaits, l’inspireront un jour sans nul doute. Dans son dernier volume, Leconte de Lisle nous a peint plutôt l’extérieur du mahométisme, les mœurs orientales sous l’action de l’islam. Ce n’est pas assez : le poëte comblera cette lacune de son œuvre.

Leconte de Lisle avait en passant touché au christianisme primitif. En suivant le cours des âges, il allait se trouver en présence du catholicisme convertisseur, civilisateur, et même persécuteur, en un mot de la religion du moyen âge. L’intérêt dominant du nouveau volume repose sur les poëmes consacrés à ces siècles orthodoxes. De là ce titre : « Poëmes barbares. » Que nous représente, en effet, le moyen âge ? La double existence de la barbarie établie en Europe et du catholicisme dirigeant et surveillant la barbarie. Tout vient aboutir à l’histoire de ces deux grands alliés, de leurs mutuelles concessions, de leurs luttes mutuelles, de leurs chocs terribles et de leurs amitiés quelquefois plus terribles encore.

Ce que l’histoire a élucidé, Leconte de Lisle nous l’affirme dans cette forme où tout se grave et s’éter-