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toute particulière de ces hautes et fortes vertus de la renaissance et du XVIIe siècle. Il déplore le malheur qui nous a empêchés d’avoir notre grande Charte au XVIe siècle, à l’époque où n’étaient pas encore rares ces mâles qualités qui font les peuples libres.

Ce même écrivain qui revendique les droits d’hier ne renonce à aucune des espérances de demain ; car, en 1 857, au moment où, pour bien des gens, l’Italie n’était plus qu’une morte au tombeau, il n’a pas désespéré de la noble ensevelie, et le premier de tous il a prédit cette résurrection avec une sympathie et une lucidité dont peu de politiques ont donné l’exemple. Ah ! quand donc adoptera-t-on cet esprit d’impartialité libérale, secret et privilége des âmes généreuses !

De là naît la véritable indépendance. Il n’est rien qui puisse s’imposer arbitrairement à la volonté de M. Montégut. Aux vrais grands hommes il ne marchande pas son admiration ; il professe, comme Carlyle, le culte des héros. Mais ce culte en lui-même aboutit pour nous au développement d’une individualité quelconque. Tout ce qui tend à supprimer l’individu au profit de la masse ou de l’État semble également odieux à notre critique ; toute agglomération destructrice des volontés, toute hiérarchie mécanique, toute servilité d’école lui sont également insupportables. Chez les écrivains, il réclame l’originalité ; il la demande aussi bien à tous les hommes. Qu’un danger menace ce précieux apanage, il s’effraye, il s’irrite, il s’arme contre le danger. L’individualité lui paraît suspectée de toutes parts, raillée quand elle n’est pas combattue.