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PAUL DE MOLÊNES.

Celui qui était il y a quelques années un des hôtes les plus aimés de ce monde, et qui maintenant jouit d’une hospitalité mystérieuse, ne nous pardonnerait pas d’épancher en son honneur le flot d’une sensibilité banale. Le souvenir mâle de Paul de Molênes répudie d’avance ces variations quotidiennes sur le thème de Burger, que provoque indifféremment le départ d’un heureux amuseur ou d’un puissant dompteur de consciences. Ce soldat de Crimée et d’Italie a fait trop bon visage à la mort pour nous permettre une lâche commisération. Le rare et sympathique écrivain, a dans son existence littéraire, trop peu pactisé avec la vulgarité pour autoriser en son honneur une de ces vulgaires oraisons funèbres qu’il eût abhorrées pour autrui. Nos regrets calmes porteront surtout sur la perte irréparable d’un talent qui n’a pu suffire à ce qu’un public d’élite attendait de lui.

Ce public regrettera celui dont l’art exquis répondait aux besoins et même aux chimères de bien des âmes. Les nombreux lecteurs de Paul de Molênes comprennent