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il serait à souhaiter que la mémoire d’un homme qui, à défaut des vertus de la forme, eut la volonté, l’énergie et l’originalité, que cette mémoire fût religieusement entretenue par tous ceux qui ont au cœur le souci de nos orgines littéraires. Ici, je m’adresse aux anciens amis de Pétrus Borel ; qu’ils aident son digne frère, M. Borel d’Hauterive, à recueillir quelqus épaves de ce naufrage qui n’est pas sans honneur ! Qu’ils prennent au moins à cœur de ne jamais laisser s’étendre le silence sur le nom de celui qui fut un combattant des grandes guerres et qui eut en lui si fervente la passion de la Justice et de la Beauté, sans en avoir, hélas ! l’intelligence. L’initiative a été prise, il y a plusieurs années, dans la Revue fantaisiste, par Charles Baudelaire, en quelques pages écrites avec la profondeur dont il a le secret ; cette entreprise d’évocation vient d’être renouvelée par Jules Claretie. Que l’on ne s’arrête pas en chemin. Mais, avant de continuer ces efforts en faveur du pauvre Pétrus Borel, que l’on rende à notre ami la justice qui lui est due. Dans cet opuscule où il a fait preuve des meilleures qualités de critique et d’écrivain, Jules Claretie a donné à notre génération littéraire le salutaire exemple de la pitié pour l’infortune et du respect pour le passé !