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Meyerbeer a plus d’un fidèle, Hugo plus d’un croyant, et les heureux, les ardents, les sages qui, pour la vingtième fois, ont écouté le Prophète ou relu ZimZizimi ont dû se récrier contre votre temple intolérant, où de tels porteurs de foudres et d’auréoles seraient malmenés comme des profanes ou subis comme des intrus. Les Panthéons ne sont pas de votre goût. L’Olympe, je le répète, vous semblerait trop indulgent. Un petit tableau d’intérieur céleste a, du reste, à cet endroit, bien rendu votre pensée. Vous nous avez représenté les dieux autochthones mal à l’aise avec les dieux récents, et l’un de ces premiers-nés du ciel rabattant avec une bonhomie socratique l’orgueil de ceux qu’il estime des parvenus. J’aime à vous suivre sur ce terrain où croissent les fleurs de l’imagination antique. Je rends hommage à votre spécieuse fiction, présentée avec tant de grâce. Je n’attaquerai pas d’une lourde argumentation cette chose fine et frôle, j’userai du même manége ; car je tiens à prouver que la familiarité de Platon peut me fournir aussi un de ces mythes où la vérité se dissimule sous des guirlandes de roses. Fiction contre fiction ! c’est au public de reconnaître où s’insinuera l’insaisissable et fugitive Vérité.

Je reviens à notre Olympe. Votre vieillard si dédaigneux des nouveaux venus a fini sa petite harangue ; le sceptre d’or à la main, il se rassied, satisfait de luimême. Les victimes de ce discours se regardent entre elles, humiliées et froissées, cherchant instinctivement un interprète et un vengeur. Un de ces conquérants du ciel se lève, c’est Hercule tel que l’a vu la terre reconnaissante,