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PÉTRUS BOREL.

Parmi ces légendes où l’Hellade se plaisait à envelopper de graves leçons sous des formes riantes, je n’en sais aucune qui m’ait fait plus longuement rêver que la fabuleuse aventure des Argonautes, pleine en core aujourd’hui d’applications et d’enseignements. Ma mémoire aime à l’évoquer ; ma songerie la commente avec délices ; à travers ces mythologiques perspectives, il m’a semblé plus d’une fois revoir tous les quêteurs d’inconnus, tous les pèlerins d’idéal, Argonautes à leur manière, et surtout ces audacieux de 1830, ces vaillants de la seconde génération romantique qui figurent par une similitude frappante les antiques chercheurs de la prodigieuse Toison d’or !

Quelle parité d’entreprise, quelle ressemblance de destin ! La Toison d’or moderne à conquérir, c’est la Gloire ! Combien peu ont pu l’entrevoir, à plus forte raison l’atteindre et la saisir ! Où sont-ils, ces jeunes hommes, jetés dans la mêlée littéraire sous les chauds soleils des trois années de flamme et de fièvre, 1830, 31, 32 ; années orageuses où les grandes batailles du théâtre alternaient avec les grandes turbulences de la