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de tous côtés leurs regards mal assurés ; n exigeons donc ni la joie ni la verve franche de ces malheureux, à peine protégés parleur esprit. Ce ne pourrait être tout au plus que la gaieté de Damoclès.

Devons-nous chercher un caractère parmi les jeunes gens que ramène chaque comédie ? Tous, sans inconvénient, peuvent se ressembler ayant les mêmes passions et les mêmes faiblesses. Cependant, nous mettrions à part Phédria, comme inspiré par une fougue amoureuse que l’on ne retrouve pas ailleurs, et ce Pamphyle de YHécyre qui, jeté par le sort entre une jeune épouse qu’il aime par devoir et une maîtresse qu’il ne peut se résoudre à abandonner, promène à travers cinq actes une tristesse qui n’est pas sans charme. Remarquons en passant ce qu’il y a de moderne dans ces crises du cœur. L’époque de Ménandre est plus voisine de nous que le siècle de Louis XIV.

Le langage des courtisanes suffirait à le prouver dans tous ces poëtes de la comédie nouvelle. M. G. Guizot nous l’a fait remarquer en propres termes ; c’est déjà la Fille de marbre, déjà la Dame aux camélias Le premier de ces deux types abonde chez Plaute ; le second se rencontre plutôt chez Térence, où les courtisanes ont parfois des bienséances raffinées. Ce ne sont plus ces pillardes avides que Plaute a si vivement poursuivies, cette Laïs qu’Epicrate, avant lui, compare aux aigles insolents et voraces. Mais Térence, à la suite de Ménandre, a su peindre cette courtisane qui a laissé un coin de son âme ouvert à la floraison intermittente des délicatesses. La Bacchis, du Bourreau