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de décadence ne s’étaient pas encore abattues sur la ville aux sept collines.

Voilà pourquoi, faute d’hommes de génie pour s’adonner au genre national et fécond des Prœtextœ et des Togatœ, les Romains couraint aux pantomimes. Térence s’en plaint. Nous applaudissons à cette protestation du poëte ; mais demandons-nous si ce dernier était bien l’interprète privilégié des sentiments, des goûts, des travers, des mœurs de ses contemporains. Catulle le fut au temps de Cicéron, Horace également au siècle d’Auguste, et Juvénal plus tard. Térence ne l’a jamais été ! Imitateur excellent, il ne sera jamais pour les plus exigeants qu’un simple imitateur. Brillantes et froides, comme toutes les copies, ces pièces font toujours surgir sur nos lèvres cette question dangereuse : « Qu’auraient été les modèles ? »

Quiconque a étudié, dans l’une de ses comédies, les types familiers à Térence : le jeune homme, la courtisane, l’esclave, le père avare ou crédule, peut s’attendre à trouver non pas seulement le même type, mais le même personnage sous un nom différent. Chez Molière, quelles nuances séparent Mascarille, Scapin, Sbrigani ! Ce sont tous des fourbes, mais le premier est un fourbe par vocation, le second un fourbe par habitude, le troisième est un fourbe de profession. Mais le génie d’un Molière égale la puissance créatrice de la nature. Chez Térence, cependant, de cette troupe de personnages prévus se détachent quelques figures plus nettement dessinées. Sans être vivaces comme un Falstaff, comme un Tartuffe, elles ont assez