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réfléchi, à distance égale du dénigrement sacrilége ou de la dévotion superstitieuse.

Vis-à-vis d’Aristophane, de Ménandre, de Plaute, de Molière, Térence nous paraît du second ordre. C’est notre seule dissidence avec M. de Belloy. Il ne nous coûte pas d’admirer Térence ; mais il nous serait difficile de lui reconnaître les dons supérieurs qui constituent le grand poëte comique. L’Antiquité a devancé notre impression. C’est vouloir mettre de son parti des gens qui ne sont pas là pour répondre, que de se recommander de Quintilien et d’Horace, comme le fait au profit de sa cause notre cher traducteur. Horace est peu suspect de tendresse pour les poëtes de Rome. On sait comme il parle de Plaute et de Cécilius ; s’il se radoucit pour Térence, ce n’est pas d’une manière assez marquée pour qu’on en conclue à une sympathie bien équivoque. Quant à Quintilien, la médiocre estime qu’il professait aussi bien à l’égard de l’auteur de YAndrienne qu’à l’endroit de ses rivaux s’affirme par sa fameuse exclamation : « In comœdiâ claudicamus ! {en fait de comédie, nous trébuchons fort.) » Pas une réclamation en l’honneur de Térence. C’est que ce grand critique, si Romain de cœur, jaloux de la gloire de son pays d’adoption, inquiet et mécontent de la supériorité des Grecs, voyait avec peine le théâtre livré par ses fondateurs à l’imitation étrangère. Un art indigène, voilà ce que Quintilien eût favorisé ; voilà ce qu’approuvait Horace dans les Prœtextce et les Togatœ, études de mœurs romaines suggérées par l’observation de la vie quotidienne, mais où la verve