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Après les oppresseurs d’autres venaient encor :
Tous convoitaient ses fruits, son soleil et son or.
À peine un faible écho redisait dans ce vide
Le souvenir d’Hippone et de la Thébaïde.
Dans l’immobilité s’engourdissaient les cœurs :
Oubli chez les vaincus, sommeil chez les vainqueurs.
Le désert agrandi faisait jusqu’au rivage
Descendre l’horizon de sa zone sauvage ;
Et dans l’immensité, veuve de nation,
Il n’était plus qu’un maître, un seul roi : — Le lion !

Tout paraissait fini : soudain tout recommence.
Dans le sol épuisé Dieu jette une semence :
Ainsi qu’au Golgotha l’ombre plana d’abord,
Puis laissa le soleil couronner le Thabor,
Ainsi renaît l’Afrique avec la foi première,
Et de l’obscurité s’élance la lumière.
Comme un lis éclatant, la fleur de vérité
Du sillon entr’ouvert sort avec majesté ;
La charité se montre, elle brille et révèle
Aux yeux de l’Africain une aurore nouvelle :
La défaite est pour lui le terme du danger ;
Si nous l’avons soumis, c’est pour le protéger.
Ô souffle généreux, souffle de notre France,
Vive aspiration d’amour et d’espérance,
À toi de pénétrer sur ce monde lointain,
Souffle qu’à saint Louis légua saint Augustin !