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« Je descends de l’Éden dans un ciel plein d’orage
« Et vers un Océan qui bondit avec rage.
« Frères, nous avons eu de sublimes destins
« En des jours glorieux qui déjà sont lointains ;
« Oui, nous avons connu, défendant notre mère,
« Le succès disputé, la défaite éphémère.
« Plus d’un soleil brûlant sur nos fronts a dardé
« Ses rayons, sans qu’un seul d’entre nous ait cédé.
« Nous avons pied à pied conquis le territoire ;
« Par nous le Nouveau-Monde est entré dans l’histoire ;
« Et nous avons prouvé qu’en son droit affermi
« Le faible peut monter jusqu’à son ennemi :
« Car vainement on vit la rapace Angleterre
« S’arroger l’Amérique en humble tributaire ;
« Ses feux se sont éteints dans l’Océan profond…
« Dieu conduit de sa main ce que les hommes font
« Lorsque, le suppliant de montrer sa puissance,
« Ils renversent le Mal aux pieds de l’Innocence.
« Vos pères étaient forts, vos pères étaient grands,
« Et par delà les flots ils chassaient leurs tyrans.
« L’œuvre était accomplie ; une splendide aurore
« Vous présageait des jours plus splendides encore…
« Je bénis mes enfants que je quittais trop tôt,
« Et je fermai les yeux pour les rouvrir là-haut.
« Ah ! que sont devenus mes préceptes de père !
« L’incendie est au champ que je laissai prospère ;
« Les épis sont broyés sous le poids des canons ;
« Parmi ses fils Caïn peut inscrire vos noms !