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« Tandis que, corde au cou, je traînerai ta femme
« Ou ta fille au marché.
« Ton âme, que m’importe où Dieu peut l’avoir mise !
« Ta chair est à l’encan…
« J’aurai, — si par hasard je la trouve insoumise, —
« Le fouet et le carcan.
« Sur ton visage en deuil est écrit l’anathème,
« Et la Divinité
« Verse autrement qu’à moi les ondes du baptême
« À ton impureté ! »


Mais ils vous coûteront ces esclaves peut-être
Une lourde rançon,
Au jour où passera sur la face du maître
La pâleur du frisson.
Ainsi qu’un ouragan qui du pôle s’échappe,
Soldats improvisés
Peut-être viendront-ils vous montrer comme on frappe
Avec des fers brisés.
Alors vous apprendrez, dans une heure suprême
D’angoisse et de douleurs,
Que le sang des chrétiens quand il coule est le même,
Que mêmes sont les pleurs.
Et comme vos fureurs auront gagné leurs âmes,
Vers le dernier moment
Les nègres dateront de vos cités en flammes
Leur affranchissement.