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Couvrirent de leurs corps les débris du croissant.
Sion, ville de deuil, par ses larmes flétrie,
Reprit sa harpe d’or aux saules d’Assyrie,
Et trois fois dans les airs on dit que résonna
Lorsque les preux chantaient, l’écho de l’hosanna !

Malheur ! par Saladin Solime est reconquise ;
Mais Louis combattra ; fils aîné de l’Église,
Il part, et les barons, pressés autour du roi,
Agitent l’étendard d’un autre Godefroi.
Le ciel leur réservait la palme du martyre ;
Dans ses pièges grossiers l’ennemi les attire,
La peste a redoublé l’angoisse de leur sort,
L’épée et le fléau précipitent la mort,
Et le sol où d’abord florissait l’espérance,
N’est plus qu’une prison pour les guerriers de France.
Louis est calme, il prie… et son front revêtu
D’une sérénité qui dompte l’anathème,
Paraît aux Sarrazins digne du diadème :
Vaincu par le hasard, vainqueur par la vertu,
Son nom se gravera sur ces brûlantes plages
Et toujours vénéré, traversera les âges.