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des Russes c’était plus qu’il n’en fallait pour détruire ce qui restait de Français.

Heureusement pour les fuyards, le Niémen était gelé et les cosaques avaient reçu ordre de ne pas aller plus loin. Ce qui existait de nos régiments passa sur la glace et atteignit ainsi non le pays de liberté, mais des contrées habitées par nos alliés d’autrefois, nos ennemis d’aujourd’hui, et les insultes ne furent pas épargnées à ceux que leurs longues et cruelles souffrances rendaient au moins dignes de pitié.

L’armée qui était partie pour faire la conquête de la Russie comptait, le jour de son arrivée en France, encore mille hommes valides : quatre cents fantassins et six cents cavaliers de la garde !…

Pour moi je ne devais pas revoir mon pays si facilement ; j’allais y mettre un peu plus de temps et souffrir des tortures inouïes.

C’est surtout après le passage de la Bérézina que commence mon long et douloureux martyre.