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dans l’humanité

avenir, celui des siens dans des liaisons indignes, dans des alliances honteuses. La postérité n’en sera que plus saine de corps et d’esprit : lui-même sera beaucoup plus heureux et saura mettre le bonheur à sa vraie place.

Tout amour en dehors de la famille est incertain, précaire, nuisible ; il n’est propre qu’à engager l’avenir, et le plus souvent à le perdre.

La plus grande compensation aux déboires de la vie est de se reposer sur une affection solide, capable de tous les dévouements à tous les instants de la vie, affection renforcée par la communauté des idées, des sentiments, des intérêts.

Peu sont appelés à la fortune, à la réputation, à la gloire ; tous sont conviés aux joies du cœur. Et si quelques unions contractées en dehors du mariage obtiennent parfois l’estime publique et ont rencontré le bonheur, c’est qu’elles ont emprunté les principaux caractères de cette institution, à savoir : la fidélité et le mutuel dévouement.

Du reste, les productions de l’âme humaine n’atteignent une véritable grandeur qu’en revêtant un caractère immuable, impérissable, éternel. En insistant ainsi sur le mariage, j’ai voulu faire bien comprendre que toute l’économie familiale dépend des conditions dans lesquelles il s’accomplit. On reconnaît presque unanimement que la femme représente la famille, le foyer, la maison. L’intérieur vaudra ce qu’elle-même vaut. Si la femme est ignorante, le souffle intellectuel ne traversera jamais la maison ; si, au contraire, elle est instruite, le foyer rayonnera et donnera une large hospitalité à toutes les choses de l’esprit.

On m’objectera : « Mais, le mari, le comptez-vous pour rien ? »

Non, certes ; seulement, la femme a un art tout