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ève

Quels seront les organes éloquents et convaincus de la nécessité de la règle dans les mœurs ?

À coup sûr, ce seront les femmes honnêtes, les femmes vertueuses.

N’est-ce pas à elles de soutenir et de propager les principes qu’elles professent ?

Que font elles ? Rien.

Pourquoi ?

Nous allons le dire.

Nous avons démontré que la hiérarchie établie entre les deux sexes avait produit deux morales. Nous allons voir que les deux morales impliquent forcément deux éducations.

L’homme s’étant déclaré supérieur, physiquement et moralement, en a déduit que son cerveau pouvait seul aborder les hautes études et résoudre les grands problèmes ; tandis que la femme, dont l’appareil cérébral est défectueux, doit accepter, sans examen, les jugements portés par le sexe mieux doué que le sien.

Il a donc soigneusement banni de l’enseignement féminin la philosophie et la science, et n’est même pas allé aussi loin que Clitandre.

« Je consens qu’une femme ait des clartés de tout. »

En fait d’idées générales et surtout de notions élevées, la femme en est restée à la religion rabaissée par les sacerdoces, à la superstition, aux préjugés, à l’erreur. Ses facultés mentales ne s’exerçant que dans un cycle restreint et faux, la femme accepte, sans s’y appesantir, les contradictions les plus flagrantes et les iniquités les plus formidables.

Elle peut pratiquer l’honnêteté sous le rapport des mœurs sans en avoir la théorie supérieure. Grâce à cette instruction superficielle et erronée qu’elle reçoit, elle continue les traditions, les habitudes qu’on lui a transmises sans avoir souci de les réviser par une