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dans l’humanité

lité se fait jour par mille issues et donne tous ses phénomènes malfaisants ; les drames de la jalousie, de l’abandon, de l’avortement, de linfanticide, du suicide avec accompagnement de vitriol, de revolver et de poignard, pullulent dans les feuilles publiques. Ces cas deviennent si fréquents qu’ils épouvantent les esprits.

S’il entrait un peu plus de logique dans la cervelle humaine, on ne verrait dans tous ces faits criminels que les conséquences fatales de la distribution inique des droits et des devoirs.

Et cependant, comment expliquer sur ce point l’aveuglement de tant de grands penseurs ?

Montesquieu affirme : « qu’il y a tant d’imperfections attachées à la perte de la vertu des femmes, que toute leur âme en est dégradée. Ce point principal ôté en fait tomber tant d’autres, que l’on peut regarder dans un État l’incontinence publique comme le dernier des malheurs et la certitude d’un changement dans la constitution ».

Pourquoi Montesquieu n’a-t-il parlé que de la vertu des femmes ? Par quelle étrange omission a-t-il passé sous silence celle des hommes ?

L’incontinence publique ne peut exister que par la dépravation des deux sexes ; une faible minorité de femmes échappera seule à la contagion générale, à moins que ces messieurs, ne pouvant régler leurs mœurs, ne se plaisent entre eux !

De la licence des hommes résulte le trouble dans l’individu, dans la famille et dans la société, et, par suite, la stérilité physique, intellectuelle et morale, éléments de dégénérescence.

Qui s’insurgera contre cet ordre de choses ?

Qui se portera défenseur de la vertu et de la justice ?