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dans l’humanité

pauvreté du sang et de débilité constitutionnelle. Comment alors l’homme professera-t-il des mœurs libres, si elles sont interdites aux femmes ?

Les mœurs libres n’existant que par le consentement mutuel des deux sexes et la concordance de leurs attractions, la chasteté des femmes ne pourra avoir pour garantie que la retenue des hommes. Il s’ensuit que si les hommes, vu l’ardeur de leur tempérament, se croient autorisés à satisfaire leur passion et à céder à l’entraînement de leurs sens, sans avoir cure des prescriptions de la loi, les femmes devront agir de même.

Si, au contraire, les femmes prennent en souci ce que le monde légal exige d’elles, et qu’elles restent pures étant jeunes filles et fidèles étant épouses, voici que les hommes seront réduits, bon gré, mal gré, à pratiquer la vertu.

Mais, réplique-t-on, la chasteté est impossible aux hommes : la plupart seraient poussés à la folie, même au crime.

Ainsi, dans cette singulière organisation, quelque parti que l’on prenne, l’un des deux sexes se trouve toujours frustré.

Tel est le dernier mot de notre société.

Peut-être pourrait-on éviter ces terribles extrémités en hâtant l’époque du mariage.

Non, répond-on, l’arrangement de notre société est contraire à cette mesure. D’autres ont l’aplomb d’affirmer que la monogamie est insuffisante pour l’homme.

En ce cas, il ne resterait plus qu’à proclamer l’amour libre en même temps que l’égalité des deux sexes, et la responsabilité des individus.

L’Orient s’est efforcé, à son détriment, de résoudre le problème en instituant la polygamie, autrement dit la pluralité des femmes, qu’il serait plus exact d’appeler