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ève.

habitudes, des partis pris. Elles ne sont ni primitives, ni spontanées.

La géologie a mis fin à ces doutes ; elle nous a révélé, par ses découvertes, des âges antérieurs appelés âge de pierre, âge de fer, âge primitif, où la force musculaire prévaut sur toutes les autres qui, il faut le dire, n’ont pas reçu encore leur développement, car l’intelligence et le sentiment n’y sont encore qu’à l’état de germe, germe bourgeonnant à peine. Mais, remarquons-le bien, le lien qui unit le sentiment à la raison est plus intime qu’on ne le suppose. J’oserai dire plus : le sentiment et la raison sont dans un rapport constant.

Pendant les époques primitives, les occupations les plus nobles et en même temps les plus utiles de l’homme sont la chasse et la guerre : la chasse, pour le nourrir et pour détruire les animaux nuisibles ; et la guerre, pour se défendre et repousser les invasions ennemies, souvent aussi pour s’approprier de nouvelles terres.

Vous vous l’imaginez bien, ce règne n’est pas celui de la femme, dont l’infériorité musculaire est incontestable.

Ce sont des phases de concurrence vitale où l’existence ne s’achète qu’au prix de la lutte, de la bataille, du combat.

L’homme accorde à la femme une sorte de protectorat qui ressemble très fort à une oppression. Du reste, il est certain que, lorsqu’on a besoin d’un protecteur, on ne lui fait pas de conditions, au contraire, on subit les siennes.

On a prétendu aussi que les premières civilisations sont orientales, circonstance très désavantageuse pour la femme. La femme asiatique ayant une précocité physique qui lui est, certes, défavorable, est déjà femme par le corps, tandis qu’elle est encore enfant