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LA FEMME ET LE DROIT


Messieurs, Mesdames,

Cette année, je me propose de traiter de la femme, de sa condition subalterne en humanité, de la nécessité de son affranchissement et de la reconnaissance de son droit. Ce soir, j’attirerai particulièrement votre attention sur les origines de cette situation inférieure et les raisons qu’on a pu faire valoir pour la maintenir ; et je me ferai un devoir de répondre à toutes les objections susceptibles d’être produites.

Le premier argument qui se présente est celui-ci : Pourquoi l’infériorité des femmes s’est-elle maintenue dans les lois et les usages depuis le commencement du monde et la formation des sociétés ? Pourquoi, si la femme est égale à l’homme, n’a t-elle pas partagé, dès l’abord, l’autorité avec lui ? Par quelle inexplicable complaisance a-t-elle fait l’abandon de ses droits, ou par quel étrange aveuglement les lui a-t-on perpétuellement contestés ? Pourquoi n’a-t-elle pas profité des réformes, des révolutions, faites au nom de la liberté et de la justice, pour revendiquer et reconquérir ses droits ?

Ce fait de durée et de persistance ne prouve-t-il pas que son état subalterne, sous toutes les zones et à toutes les époques, correspond à une grande loi naturelle ?