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ève.

a que faire ; question industrielle, qu’a cela de commun avec la philanthropie ?

Or, si la morale et la justice ne se trouvent ni dans l’administration, ni dans la politique, ni dans l’industrie, avouons qu’elles ne se trouvent nulle part.

La jeunesse n’est-elle pas l’exubérance de la vie, de la générosité, de l’imagination, de l’enthousiasme ? N’est-ce pas encore là qu’on doit trouver le désintéressement ?

Oui, les jeunes gens ne manquent pas, mais il leur manque la jeunesse.

Ce n’est certes pas la famille qui a pu les former, puisqu’elle leur a donné l’exemple de l’arbitraire ; chaque génération reflète ce qui lui a été enseigné par l’expérience. Eh dame ! à la longue, cela agit.

Certes, il ne manque pas de critiques qui constatent cet état de choses. Mais savez-vous quelle conclusion on en tire ? c’est que la femme est un obstacle au progrès ; qu’elle est essentiellement réactionnaire et rétrograde ; que, de plus, sa coquetterie et son goût de luxe précipitent les décadences.

Voilà ce qui se répète et s’imprime dans les journaux.

Et les hommes qui ont empêché le cerveau de la femme de s’exercer et qui lui ont imposé, par une éducation arriérée, la superstition et l’erreur, se plaignent aujourd’hui de la récolte, lorsqu’ils ont fait la semence !

Depuis le commencement du monde, s’imaginant suffire à tout, ils sont à la tête des affaires. Ils légifèrent, constituent, organisent, rédigent des programmes, fondent des religions, propagent des doctrines, des systèmes, font des révolutions sans jamais lui demander son avis.

Mais nous dirons aux hommes : « Si les choses se passent ainsi, c’est à vous qu’il faut s’en prendre. Vous