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XX


Je revis doucement d’anciennes pensées,
et leur frêle pâleur d’estampes effacées,
ravivant les douleurs graves du souvenir,
fait encore mon rêve à ton rêve s’unir.
Tendres comme des fleurs, légers comme des plumes,
voici passer tous les plaisirs que nous élûmes ;
et mon cœur pénétré de leur triste parfum
pleure les jours enfuis et le charme défunt.
Ah ! que l’heure de joie et de bonheur renaisse,
où glorieuse en la beauté de ta jeunesse,
et rayonnant ainsi qu’un splendide matin,
outre-ciel tu forgeais ton rêve ! — Le jardin
dans le silence étend ses désertes allées,
et la rouille s’attaque aux vasques ciselées,
Hélas ! — Et j’appartiens au passé radieux,
aux jours qu’illuminait la flamme de tes yeux,
où mon cœur ignorant des tristesses moroses
était doux et léger comme un parfum de roses.