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Allez et que l’amour vous serve de cornac,
  doux éléphants de mes pensées.
   Ô poète, tu n’as qu’
à suivre allègrement leurs croupes balancées,
cependant que l’espoir te tresse un blanc hamac.

Tu as voulu guider ton troupeau vers les cimes,
vers le glacier que nul vivant n’avait foulé.
Les éléphants tremblaient sur le bord des abîmes
ou, tandis qu’ils tondaient un maigre serpolet,
  tu criais des strophes sublimes.

Va ! redescends avec tes monstres affamés
  vers la douceur des terres grasses.
  C’est le vallon que tu aimais,
  la maison aux volets fermés,
la flûte au bord du fleuve et les vieilles terrasses.