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la verdure dorée

XXXVII


Je revis doucement d’anciennes pensées,
Et leur frêle pâleur d’estampes effacées,
Ravivant les douleurs graves du souvenir,
Fait encore mon rêve à ton rêve s’unir.
Tendres comme des fleurs, légers comme des plumes,
Voici passer tous les plaisirs que nous élûmes ;
Et mon cœur pénétré de leur triste parfum
Pleure les jours enfuis et le charme défunt.
Ah ! que l’heure de joie et de bonheur renaisse,
Dans la lumière, aux bleus décors de ma jeunesse,
Où je dansais… Amour, et l’azur du matin
Accueillait les oiseaux des songes ! — Le jardin
Dans le silence étend ses désertes allées,
Et la rouille s’attaque aux vasques ciselées,
Hélas ! — Et j’appartiens au passé radieux,
À ces jours, à ces nuits qu’éclairaient tes beaux yeux,
Où mon cœur ignorant des tristesses moroses
Était doux et léger comme un parfum de roses.