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la verdure dorée

VI


Le Passé maugréait et frappait à la porte.
Je me taisais. Il m’appela d’une voix forte ;
Mais je continuai de songer à tes yeux ;
Et j’entendais crier le vieillard furieux,
Grelottant dans la nuit sous sa mante à ramages,

Il est entré portant un vieux livre d’images.

Laure, dans la maison à l’ombre des sureaux,
Songeuse, tu brodais derrière les carreaux,
Et, si j’apercevais un livre à ta fenêtre,
Je sonnais à la grille et tu voyais paraître,
Au jardin envahi d’herbe et de serpolet,
Celui qui dans les soirs longuement te parlait
Et déroulait son rêve ainsi qu’un paysage…
Laure, où sont tes cheveux, tes mains et ton visage ?…

Vous qui pleuriez, mélancolique, au soir tombant ;
Toi qui sur ton épaule attachais un ruban
Mauve ; toi qui jouais Manon et l’ouverture
De Tannhäuser ; toi qui riais dans ta voiture…
Ô passé, plein de fleurs et de chardonnerets !
Rires ! Passé léger ! Passé tendre ! Regrets !