Page:Derème - La Verdure dorée, nouv. éd.djvu/282

Cette page a été validée par deux contributeurs.
258
la verdure dorée

CLI


Une pie noire et blanche en se posant sur un platane
A fait dégringoler un flot de feuilles jaunes.
C’est l’automne. Bourre de roses ta guitare
Et médite en silence aux dernières nuits chaudes
Sur tes lauriers en fleurs qu’a brûlés le tonnerre,
Et dans l’air tendre aux feuilles crois entendre
Ces soupirs qu’éclaira par un autre septembre
La topaze lunaire.

Des mots. Des mots. Pourtant ta douleur est si simple…
Pourquoi ne pas pleurer comme un pauvre jeune homme ?
Mais non ; chaque lanière qui te cingle
Te fait jaillir du cœur une harangue trop sonore ;
Et lyrique et debout dans les ruines et les roches
Et défiant le sort, les étoiles et la nature,
Tu peuples de discours ta malheureuse solitude
Et tu gardes tes pleurs pour verser des paroles.

Tu déclames ; tu crois jouer un vaste rôle ;
Mais qu’une feuille tombe au bois qui t’environne ;
Que tu triomphes d’une robe ;
Que trop lourde de sucre et prise à la rafale