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la verdure dorée

CXXXIII


Je souffle dans ma pauvre flûte,
Et la glace, hélas ! ne reflète
Aucun sourire auprès de ma tristesse,
Aucun visage auprès de mon visage.
Je sifflerai puisque le sort l’exige.
Un lilas bleu se fane dans la tasse
Où tu buvais du thé chinois
Dans l’automne embaumé de pommes et de noix.

Il y avait des branches vertes,
Il y avait des feuilles mortes.
Et tu dansais parmi les noires chèvres,
Dans l’herbe jaune en secouant des roses ;
Et tu savais des baisers et des ruses
Qui me laissaient tremblant et les mains ivres.
La nuit, c’étaient les rossignols,
Et la lune glissant sur les bois espagnols.

Ombreuse auberge béarnaise
Que notre tendresse éternise !
Tu fredonnais en frottant la guitare
De sombres airs, graves comme l’orage,