Page:Deprez - Petit cours d'histoire de Belgique, 1916.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 92 —

décida qu’un dernier effort serait tenté. Il restait à peine cinq mille hommes en état de combattre. Philippe Van Artevelde se mit à leur tête pour aller attaquer l’armée du comte, qui se trouvait à Bruges : « Allez combattre, leur disaient les vieillards et les femmes ; mais ne revenez que vainqueurs, car si nous apprenons que vous avez été vaincus, nous mettrons le feu à la ville et nous périrons avec elle ».

Les cinq mille Gantois s’avancèrent jusqu’à Beverhout, où ils se mirent en bataille. Le comte, à leur approche, indigné de leur audace, accourut avec 40,000 hommes, sans prendre la peine de les disposer avec ordre, tant le succès lui semblait certain. Mais les Gantois les attaquèrent avec furie, les dispersèrent, et les poursuivirent jusque dans Bruges, où ils entrèrent avec les fuyards. Pendant la nuit, ils firent un grand massacre des partisans du comte : 1200 hommes fuient égorgés ! Le comte se réfugia dans la cabane d’une pauvre femme, qui le cacha sous son misérable grabat. Le lendemain, vêtu de la houppelande d’un valet, il put sortir de la ville et gagner la France. Les héroïques vainqueurs firent dans leur ville une rentrée triomphale. Artevelde, proclamé Père de la patrie, reçut un bouclier d’or, symbole de la liberté reconquise, toutes les villes de Flandre rentrèrent dans l’alliance de Gand.

4. Défaite de Roosebeke (1382). — Mais le roi de France, Charles VI, s’empressa d’envahir la Flandre avec une puissante armée de 80,000 hommes, car la victoire des Gantois avait eu un immense retentissement. Elle avait provoqué une vive effervescence dans les communes du nord de la France, ainsi qu’à Paris. « Partout les menues gens se flattaient que la ruine des grands était proche ». Philippe Van Artevelde, à la tête de 50,000 hommes, vint s’établir à Roosebeke. Là fut livrée une bataille terrible. Les Flamands, massés en un seul corps, enfoncèrent d’abord le centre des Français. Mais ceux-ci, de leurs deux ailes, enveloppèrent les communiers qui, pressés les uns sur les autres, purent à peine se servir de leurs piques. Les Flamands vaincus laissèrent la moitié de leur armée sur le champ de bataille. Le lendemain, Van Artevelde fut retrouvé parmi les morts. Le roi de France le foula du pied et le fit pendre à un arbre.

5. Paix de Tournai (1385). — Gand, pourtant, l’admirable cité, ne fut pas encore abattue par ce grand revers. Elle continua la lutte sous la conduite d’un homme de