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ci mérita d’abord quelque affection de la part de ses sujets. Il remporta de brillants succès sur le méprisable duc de Brabant, Wenceslas de Luxembourg. Il obtint de la France la rétrocession des villes de Lille, Douai et Orchies, à la condition que sa fille unique. Marguerite de Maele, épouserait Philippe le Hardi, duc de Bourgogne et frère du roi de France.

2. Révolte à Gand. — Mais Louis de Maele se livrait à de folles dépenses. Il avait autour de lui foule d’astrologues, de nains, de fous ; il faisait venir des bêtes rares des pays les plus lointains : il avait des collections curieuses de singes, qu’il affectionnait beaucoup, et de perroquets. Il n’était divertissement que ses courtisans n’inventassent. Par là, le prince contracta des dettes énormes que les bourgeois payèrent trois fois. À la fin pourtant, il se fatiguèrent des subsides continuels qu’on ne cessait de réclamer : « Il ne faut plus, dit un bourgeois de Gand, que la sueur coule de nos fronts pour de telles charges ! » Or, bientôt après, le comte voulut faire payer par les Gantois les frais d’un brillant tournoi qu’il se proposait de donner. Gand refusa. Les Brugeois fournirent le subside, à la condition de pouvoir creuser un canal de leur ville à Deynze. — Les Gantois irrités, car ce canal allait nuire à leurs intérêts, dispersèrent les travailleurs et brûlèrent le château de Wondelghem, demeure favorite du comte. Les mécontents portaient le nom de Chaperons blancs, à cause de leur coiffure. La guerre éclata entre les Gantois et le comte, soutenu par la noblesse. Après des alternatives de succès et de revers, et des paix sans durée, le comte remporta quelques avantages qui lui permirent de bloquer la ville de Gand. Il ne Pouvait la prendre : elle était en mesure de résister à 200,000 hommes. Il se contenta de détruire son commerce et d’intercepter les vivres. La ville souffrit bientôt cruellement de la famine.

3. Victoire de Beverhout. — Les Gantois dans leur misère, se souvinrent du grand nom de Van Artevelde. Jacques avait laissé un fils, nommé Philippe, qui jusqu’alors avait vécu dans la retraite, sans s’occuper des affaires de la ville. Le peuple l’élut capitaine général. Van Artevelde jugea la paix nécessaire. Il se rendit à Tournai pour conférer avec le comte. Louis de Maele exigea une soumission sans conditions. Le peuple de Gand, d’une voix unanime, rejeta cette prétention ; on