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Voyant la vanité de leurs efforts, Louis de Novors et le roi de France durent se résigner. Le 10 juin 1338, une convention conclue à Anvers rétablit définitivement les rapports commerciaux entre l’Angleterre et la Flandre, et Edouard III y reconnut la neutralité de la Flandre ; le 13 juin, Philippe de Valois la reconnut à son tour. En peu de jours le commerce et l’industrie reprirent toute leur activité.

3. Alliance avec l’Angleterre. Bataille de l’Écluse (1340). — Bientôt les Flamands réclamèrent les villes de Lille, Douai et Orchies, que l’artificieux Philippe le Bel avait traîtreusement enlevées vingt ans auparavant. Philippe de Valois refusa de les satisfaire. Toujours habile, Edouard III promit la restitution des villes s’il devenait roi de France. Les Flamands, séduits par ses brillantes promesses, désiraient une alliance avec lui. Une seule chose les retenait : ils avaient juré de ne plus combattre le roi de France. Ces derniers scrupules tombèrent quand Edouard, sur le conseil de Van Artevelde, eut été solennellement couronné roi de France, à Gand, le 26 janvier 1340[1]. L’alliance fut conclue.

De ce moment, Edouard III poussa les hostilités avec vigueur. À la tête d’une petite flotte, il attaqua, dans le Port de l’Écluse, cent quarante gros vaisseaux français qu’il coula presque jusqu’au dernier, grâce en partie à l’intervention des Flamands. Cette fatale journée coûta vingt mille hommes à la France. Edouard alla mettre aussitôt le siège devant Tournai. Une magnifique armée de quarante mille bourgeois l’accompagnait sous les ordres de Van Artevelde. Le roi de France accourut au secours de la ville ; on n’en vint pas aux mains toutefois : une trêve fut conclue entre les deux rois, et des conditions avantageuses furent accordées aux Flamands.

4. Administration et mort de Jacques Van Artevelde (1345). — La paix rétablie, la Flandre fut gouvernée, sous l’inspiration de Jacques Van Artevelde, par les trois membres de Flandre[2] Le comte Louis de Nevers avait

  1. Et non le 23 janvier. La date du 26, fixée par nous d’après divers indices, a été confirmée depuis par des documents découverts à Florence.
  2. L’origine des assemblées des Trois Membres est fort incertaine. Elle est fort antérieure à l’époque de Jacques Van Artevelde. Voir, sur l’autorité des Trois Membres, les précieuses Annales Flandriæ, de Meyer