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cieux privilèges pour le commerce : suppression de nombreux péages, établissement de marchés et de foires, création de routes nouvelles et de canaux. Riches de leur commerce, puissants par leur fraternelle union, les marchands s’élevèrent au niveau des nobles, avec lesquels ils se confondirent pour former le parti des grands.

3° Les serfs, ouvriers ou détaillants, étaient soumis d’abord à la juridiction de leurs maîtres. Le travail actif des villes leur permit d’acquérir une certaine aisance, et leur nombre devint considérable. Il en résulta qu’ils furent traités avec infiniment plus de douceur et d’équité que les pauvres serfs isolés des champs.

Vers le milieu du XIe siècle probablement, ils obtinrent en beaucoup d’endroits la liberté individuelle : ils furent libres de leur personne, purent se marier sans autorisation, posséder des biens en toute propriété, en disposer par testament. Les redevances et les corvées arbitraires firent place à des taxes fixes, ces villes furent des communes, c’est-à-dire des cités dans lesquelles « il n’y avait plus qu’un seul corps d’habitants, une seule magistrature, une même règle pour tous, astreignant tous aux mêmes lois et aux mêmes charges, aux mêmes droits et aux mêmes devoirs[1]. »

Que l’on ne s’y trompe pas cependant. Les petits eurent, dès lors, des droits civils sans doute, c’est-à-dire des garanties pour leurs biens et leurs personnes. Mais les grands restaient seuls administrateurs et justiciers. Aussi abusaient-ils souvent de leur pouvoir au détriment des petits ; ils pratiquaient d’ailleurs l’usure envers ceux-ci.

Mais voici qu’au XIIIe siècle et au commencement du XIVe, les gildes ouvrières s’organisent, souvent avec l’appui des souverains mécontents du pouvoir trop étendu des échevins. Elles ont des chefs et une bannière ; elles ont des armes, car les petits forment l’infanterie des milices bourgeoises, les grands servant à cheval. Les petits prennent confiance dans leurs forces. À leur tour, Ils réclament des droits politiques, c’est-à-dire le droit d’occuper les fonctions et emplois de la ville. Inutile de dire que les grands s’y opposèrent vivement. De là ces guerres civiles qui éclatèrent partout, pendant tout le

  1. Wauters.