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l’empereur. Puis il accompagna celui-ci en Italie et assista à la prise de Rome.

L’empereur, en retour de ses brillants services, le nomma duc de Basse-Lotharingie.

2. Première croisade (1096-1099). — Le moine Pierre l’Ermite, après un pèlerinage à Jérusalem, fut chargé par le pape Urbain II} d’aller prêcher partout la guerre sainte. Monté sur un âne, il parcourut la Belgique et la France, racontant aux populations indignées les souffrances des chrétiens d’Orient et des pèlerins qui allaient en Palestine. Son éloquence grossière mais persuasive produisait sur le peuple un effet prodigieux. Aussi, en 1095, au concile de Clermont en Auvergne, la proposition du souverain pontife d’aller délivrer le tombeau du Christ fut accueillie avec un enthousiasme indescriptible : Dieu le veut ! Dieu le veut ! criait-t-on de toutes parts. La liberté fut promise aux serfs qui se joindraient à l’expédition.

Aussitôt une ardeur fiévreuse anima toute l’Europe. Partout se poursuivirent activement les préparatifs du grand et périlleux voyage. Au mois d’août 1096, le duc de Basse-Lotharingie Godefroid, avec 80.000 fantassins et 10.000 cavaliers, s’achemina par la vallée du Danube vers la ville de Constantinople. Six armées se réunirent successivement sous les murs de cette ville. La vue de cette cité superbe alluma les convoitises des chrétiens. Mais Godefroid, s’opposant à leurs désirs, fit conclure une alliance avec l’empereur grec, qui promit d’aider au succès de l’expédition.

Les croisés passèrent sur la rive asiatique du Bosphore. L’armée s’élevait au chiffre formidable de 600.000 combattants. Dix-neuf nations, différentes de langage et de mœurs, s’y trouvaient rassemblées.

L’armée chrétienne arriva bientôt en vue de Nicée. Cette ville était solidement fortifiée et bien défendue : néanmoins elle fut obligée de se rendre aux Grecs, alliés des croisés. Peu de temps après, une grande bataille fut livrée dans la plaine de Dorylée : la redoutable cavalerie du sultan d’Iconium fut dispersée, et les croisés firent dans son camp un riche butin. Au milieu du combat, la force de Godefroid de Bouillon et son intrépidité avaient fait l’admiration des deux armées. « Les bataillons musulmans qui reçurent le premier choc du duc Godefroid, dit un chroniqueur, purent croire que la foudre tombait au milieu d’eux ». De ce moment son nom