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III. — LA FÉODALITÉ




CHAPITRE I

Le système féodal.


§ 1. — Origine et développement.


1. Féodalité. — On appelle féodalité un système de gouvernement dans lequel l’autorité souveraine était morcelée et exercée par les propriétaires du sol.

2. Alleux. — Après la conquête d’une partie de la Gaule, les chefs des Francs s’attribuèrent de magnifiques domaines. Ceux de Clovis, à la suite de ses victoires, atteignirent une valeur incalculable, car il s’empara partout : 1° des immenses propriétés qui appartenaient auparavant à l’État romain dans la Gaule ; 2° des biens très nombreux dont les propriétaires avaient disparu au milieu des guerres. Aussi avait-il des milliers de grandes fermes cultivées par des multitudes d’esclaves[1] et de serfs.

Les autres guerriers francs s’étaient partagé le nord de notre pays. Chacun avait obtenu une villa ou grande ferme, et ce domaine formait un alleu, c’est-à-dire une terre possédée en toute propriété. Le possesseur en effet

  1. L’esclavage proprement dit florissait encore sous les Mérovingiens : chaque guerre produisait des milliers d’esclaves : c’étaient des prisonniers ou des habitants arrachés violemment de leurs pays par l’armée victorieuse. Comme à Rome, la loi laissait au propriétaire de l’esclave tout droit sur la vie de celui-ci : aussi voyait-on parfois des actes d’une rare cruauté, des esclaves enterrés vivants, d’autres rôtis à petit feu, obligés d’éteindre avec leurs jambes nues, à dix reprises différentes, des torches enflammées. — Mais le christianisme s’efforça de bonne heure d’améliorer leur sort : l’Église défendit successivement de les vendre hors du pays, de les vendre à des juifs ; elle excommunia l’assassin d’un esclave ; elle prescrivit de lui laisser le repos du dimanche ; elle déclara méritoire l’affranchissement des esclaves aussi l’esclavage s’éteignit peu à peu.