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§ 3. — Restauration désuétudes.


À l’époque de Charlemagne, l’étude des lettres était complètement délaissée dans la plus grande partie de l’Europe. Charles essaya de la faire renaître, et c’est là peut-être son plus beau titre de gloire.

1. Écoles. — Par un capitulaire, il prescrivit aux moines de s’instruire ; peu après, il leur donna ordre d’ouvrir des écoles, et d’y enseigner la lecture, la grammaire, le calcul et le chant d’église. L’empereur ne dédaignait pas d’aller voir ces modestes écoles. On cite volontiers la visite qu’il fit certain jour à celle de Clément d’Irlande : les enfants pauvres répondirent fort bien à ses questions ; les fils de nobles, par contre, firent preuve d’une ignorance absolue ; l’empereur encouragea les premiers, leur prodiguant les plus brillantes promesses ; puis, tournant vers les autres un regard irrité, il leur dit d’une voix tonnante : « Vous, fils de nobles, délicats et jolis mignons, vous avez négligé mes ordres et l’étude des lettres ; mais par le roi des cieux, je ne me soucie guère de votre noblesse et de votre beauté, et sachez bien que si vous ne réparez pas un zèle vigilant votre négligence passée, vous n’obtiendrez jamais rien de moi. »

2 — Littérature. — L’empereur avait réuni autour de lui toute une pléiade d’hommes distingués par leur savoir : il ne leur épargnait pas les marques de sa royale faveur : le moine Alcuin, le plus illustre de tous, obtint plusieurs abbayes, parmi lesquelles la très riche abbaye de Saint-Martin-de-Tours ; d’autres furent élevés à la dignité d’évêque ; Eginhard, l’historien, était l’ami et le secrétaire intime de Charlemagne ; le poète Angilbert eut même, dit-on, l’honneur de devenir son gendre en épousant la princesse Berthe. On rapporte que l’historien lombard Paul Warnefried avait pris part à plusieurs complots pour chasser les Francs de l’Italie. L’infatigable conspirateur fut condamné à perdre la vue et les mains. Comme on pressait l’empereur de faire exécuter cette terrible sentence, il s’y refusa : « Où trouverions-nous, dit-il, une main aussi capable d’écrire l’histoire ? »

Cette brillante assemblée se réunissait souvent sous la présidence d’Alcuin, pour parler de science et de litté-