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Charlemagne, son neveu Roland, comte de Bretagne. La légende rapporte que du haut des monts, ils faisaient rouler avec fracas d’énormes quartiers de roche sur les Francs. Tous les compagnons de Roland périrent. Le héros, resté seul, essaya vainement de briser sur le roc sa bonne épée Durandal, pour ne pas la laisser aux mains d’un infidèle. Puis il sonna de son cor d’ivoire dont le son retentit dans les bois et les vallées, et il appela jusqu’à ce que les veines de son cou se rompissent. Cependant Charlemagne entendit les sons du cor : « Malheur ! s’écria-t-il, si Roland nous appelle, ce doit être en mourant ! » Et, repassant la montagne, il trouva son neveu qui expirait. L’ennemi avait fui, mais le roi parvînt à s’emparer du perfide duc des Gascons, Lupus, et, sans égard pour sa haute dignité, il le fit traîner au gibet comme le dernier des malfaiteurs.

3. Soumission de l’Avarie (788-796). — Charles tourna ensuite ses armes contre les Avares qui habitaient la Hongrie actuelle. Ces pillards avaient longtemps désolé tous les pays environnants : ils avaient accumulé dans leur Ring, des richesses incalculables. Ce Ring était un immense camp, défendu par neuf enceintes concentriques, éloignées les unes des autres, et entre lesquelles s’élevaient des villages et des villes. Chaque rempart était formé de troncs de chênes, de hêtres et de sapins, entremêlés de pierres fort dures : l’épaisseur en était de vingt pieds, et la partie supérieure était couverte de buissons non taillés. La guerre contre ces barbares fut longue et difficile. Mais en 796. Pepin, fils de Charlemagne, pénétra jusqu’au Ring, s’en empara et le dévasta complètement. Les Francs en tirèrent des trésors si considérables, que jamais plus ils ne rapportèrent pareil butin.

5. Rétablissement de l’empire d’Occident (800). — Le jour de Noël de l’an 800, Charlemagne, qui se trouvait à Rome, priait dans l’église de Saint-Pierre, lorsque le pape, revêtu de ses habits pontificaux, s’approcha de lui, lui posa sur la tête le diadème impérial, en prononçant l’ancienne formule : « Vie et victoire à Charles, auguste, grand et pacifique empereur des Romains, couronné de la main de Dieu. »

La gloire de Charles était alors universelle. Les orgueilleux empereurs de Byzance lui envoyaient des ambassadeurs. Le célèbre calife de Bagdad, Haroun-el-Raschid,