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§ 1. — Ses guerres.

1. Guerres contre les Saxons (772-804). — En 772, les Saxons, irrités contre Saint Libwin qui les avait imprudemment menacés de l’épée de Charlemagne s’ils ne se convertissaient, brûlèrent l’église de Deventer et massacrèrent les chrétiens qui s’y trouvaient rassemblés. Ce fut le signal d’une guerre terrible qui dura trente-trois ans. Charles vainquit les Saxons. Mais ceux-ci se défendirent avec une opiniâtreté héroïque digne d’un meilleur sort. En vain éprouvaient-ils les plus sanglants revers, en vain devaient-ils se courber sous la main de fer de Charles ; à peine était-il allé combattre ailleurs qu’ils oubliaient, à la voix de Wittikind, leurs promesses et leurs serments. Finalement, Charles irrité eut recours à une répression horrible. Dans la plaine de Verden, il fit saisir 4500 guerriers qu’on lui désigna comme partisans de Wittikind, et tous furent impitoyablement égorgés. Mais cette affreuse boucherie ne fit que porter au paroxysme la fureur des Saxons, et la guerre continua avec acharnement. Cependant en 785, Wittikind se laissa fléchir : cédant aux promesses de Charles, il déposa les armes, se fit baptiser, et reçut du roi de vastes domaines en France. Toutefois les révoltes des Saxons ne finirent qu’en 804. Charles les contraignit à embrasser le christianisme, et porta la peine de mort contre toute rechute dans les pratiques idolâtres. Dix mille familles furent aussi, dit-on, transplantées dans l’Helvétie et le nord de la Belgique.

2. Conquête de la Lombardie (774). — Tout au début de son règne, Charles conquit le royaume des Lombards. Le roi Didier voulait s’emparer des possessions du souverain pontife. Aussitôt Charles dirigea son armée vers l’Italie. Mais les Francs furent arrêtés au passage des Alpes, car le val de Suze, seul chemin praticable, était fermé par un formidable rempart de murs et de tours, du haut desquels les Lombards bravaient impunément tous les efforts de l’ennemi. Charles, désespérant de forcer le passage, allait reprendre le chemin de son pays, lorsqu’un prêtre nommé Martin découvrit un sentier secret dans la montagne. Charles y envoya aussitôt l’élite de ses guerriers. Les Lombards attaqués à revers durent abandonner les barrières des Alpes : l’armée des Francs se répandit en Lombardie, et assiégea le roi dans Pavie.