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rent l’Austrasie, et les Frisons remontèrent le Rhin jusque sous les murs de Cologne ; ces deux peuples avaient à venger les victoires que Pepin avait remportées sur eux.

Charles, qui n’avait que dix-sept ans, attaqua hardiment le vieux chef des Frisons, Radbod, mais il éprouva une défaite complète. Heureusement pour lui, Radbod rentra peu après dans son pays. Alors Charles, avec une poignée de braves, se jeta dans l’Ardenne et pendant trois ans, il fit aux Neustriens une guerre de partis et de surprises ; le bruit de ses exploits grossit peu à peu sa petite troupe, et, en 717, il put livrer aux Neustriens une grande bataille à Vincy. Vainqueur, il les poursuivit jusque dans leur pays, et y rétablit la suprématie des Austrasiens.

Charles entreprit alors un grand nombre d’expéditions militaires qui rendirent son nom célèbre : il porta son autorité jusqu’aux Pyrénées et à la Méditerranée. En Allemagne, il atteignit les rives de l’Elbe et du Danube.

Répondant Eudès d’Aquitaine, ardent ennemi des Francs, avait appelé à son secours contre eux, les Mahométans d’Espagne. Cette nation redoutable était alors à l’apogée de sa puissance. Partis de l’Arabie après la mort de leur prophète Mahomet, en 632, les Mahométans avaient élevé en un siècle un empire immense : ils dominaient sur toute l’Asie occidentale jusqu’à l’Indus ; ils s’étaient rendus maîtres de tout le nord de l’Afrique ; puis passant par le détroit de Gibraltar, ils avaient, à la fameuse bataille de Xérès, qui dura trois jours, anéanti l’armée des Visigoths et conquis toute l’Espagne. Ces hordes formidables franchirent donc les Pyrénées et se répandirent en Aquitaine. Mais elles pillèrent effroyablement le pays, et le duc Eudès n’eut bientôt plus d’autre ressource que d’aller implorer le secours de Charles Martel. Celui-ci passa la Loire et rencontra les Barbares au nord de Poitiers. Pendant sept jours, les deux armées restèrent en présence. Alors se livra l’un des plus mémorables combats dont l’histoire fasse mention ; il dura tout un jour. Charles donnait à ses guerriers l’exemple de la plus héroïque valeur. À la fin du jour, l’armée des Mahométans était presque anéantie : trois cent mille de leurs guerriers, dit-on, jonchaient la plaine. Charles reçut le nom de Martel en souvenir des coups terribles qu’il avait portés aux ennemis. Cette grande victoire