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c) Aussi en 613, dans une formidable révolte des leudes d’Austrasie, Brunehaut fut vaincue en dépit de son énergie, et attachée à la queue d’un cheval indompté. Le mérovingien Clotaire II, qui avait pactisé avec les révoltés, recueillit la couronne ; mais les grands lui adjoignirent comme ministres, sous le nom de maires du palais, les chefs de l’aristocratie austrasienne, Pepin de Landen et saint Arnulf. Le roi n’eut qu’une autorité précaire ; les vrais souverains du pays furent les deux maires.

2. Puissance des maires.a) La dignité de maire du palais n’était pas nouvelle ; elle existait d’ancienne date. Ce maire du palais était, à l’origine, un administrateur des domaines du roi : il n’était même pas nécessairement homme libre. Autant de domaines distincts, autant de maires. Mais, peu à peu, les maires des principales résidences royales avaient gagné la confiance du souverain ; ils en avaient profité pour élargir notablement leurs attributions et intervenir dans les affaires de l’État. Naturellement, ces fonctions eurent une importance incomparablement plus grande à partir de 614.

b) Or, Pepin de Landen, le premier des nobles d’Austrasie par ses immenses domaines, sa brillante réputation militaire et l’éclat de ses vertus, occupa le pouvoir pendant vingt ans avec une probité et des talents qui provoquèrent l’admiration générale. Il sut, chose difficile, faire régner l’ordre sans porter ombrage à l’humeur indépendante de la noblesse, et il acquit une popularité sans bornes, qui fut la source des grandes destinées futures de sa famille. Aussi, à sa mort, son fils occupa sans contestation les hautes dignités de son père.

c) Les princes Mérovingiens, relégués dans l’ombre par ces puissants ministres, essayèrent de ressaisir le pouvoir, et ils furent soutenus par les Neustriens, jaloux de l’élévation des Austrasiens. Mais Pepin de Herstal, petit-fils de Pepin de Landen, remporta une grande victoire à Testry, en 687, sur le roi Thierry III et les Neustriens. Cette victoire consacra définitivement le pouvoir des maires du palais et la prépondérance des Austrasiens.

d) De ce moment, les Mérovingiens n’eurent plus qu’un vain titre sans nul pouvoir ; ils avaient toujours la barbe longue et la chevelure flottante ; aux jours de réception solennelle, ils recevaient les ambassadeurs étrangers