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XI. — LA BELGIQUE INDÉPENDANTE




CHAPITRE I

Révolution de 1830.


1. Explosion de la révolte. — En présence des injustices du roi Guillaume, les catholiques et les libéraux constituèrent un puissant parti national, l’Union pour le redressement des griefs. Le renvoi du ministre Van Maanen fut réclamé, car il passait pour l’inspirateur des mesures iniques du gouvernement. Le roi s’y refusa.

Or, en juillet 1830, les Français renversèrent le roi Charles X qui, par ses Ordonnances, avait voulu restreindre leurs libertés. Ces événements provoquèrent une effervescence vive en Belgique. Le 25 août, au théâtre de la Monnaie, la salle comble qui écoutait la Muette de Portici, applaudit avec un enthousiasme inquiétant les vers patriotiques des conspirateurs napolitains :

Amour sacré de la patrie.
Rends-nous l’audace et la fierté !

Et quand ensuite, au bruit sinistre du tocsin, ils réclamèrent « des armes et des flambeaux ! » l’auditoire menaçant sortit du théâtre en répétant : Des armes et des flambeaux ! La foule se porta devant la demeure de Van Maanen, et bientôt l’hôtel était incendié aux acclamations d’une multitude en délire. La révolution était commencée !

Le lendemain, le vieux drapeau de Brabant aux trois couleurs flottait à l’hôtel de ville. Les notables organisèrent une garde bourgeoise pour empêcher le retour des excès, et cinq délégués furent députés vers le roi pour le supplier de faire droit aux justes réclamations des Belges. Cette démarche fut vaine.

Guillaume envoya ses deux fils en Belgique avec une armée qui s’avança jusqu’à Vilvorde. Bruxelles aussitôt fit des préparatifs pour une résistance vigoureuse : on dépava les rues, les barricades s’élevèrent, de toutes parts