Page:Deprez - Petit cours d'histoire de Belgique, 1916.djvu/149

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 147 —

seul grief véritablement sérieux qu’on puisse lui faire, c’est son intervention abusive dans les affaires du clergé.

1. Édits en matière religieuse. — 1° Joseph II proclama la liberté de conscience par l’édit de tolérance de 1781. La législation religieuse du XVIe siècle existait toujours dans les Pays-Bas, mais elle n’était plus appliquée : Juifs et réformés vivaient en paix s’ils ne provoquaient pas de scandale. Seulement, ils ne pouvaient ouvrir de temples : il n’y avait pour eux nul accès aux emplois ni aux grades universitaires ; ils ne pouvaient devenir bourgeois d’une ville, ni membres d’une corporation. Joseph II autorisa l’exercice du culte réformé, et il accorda aux dissidents la jouissance de tous les droits de citoyen. Cette mesure d’équité, qui lui fait grand honneur, provoqua des réclamations très vives, mais l’empereur ne se laissa pas émouvoir.

2° Joseph II institua le mariage civil et permit le divorce.

3° Il déclara inutiles les couvents où l’on se vouait uniquement à la prière. Il toléra ceux qui étaient destinés à l’enseignement et au soin des malades. Six à sept cents couvents disparurent : il n’en resta qu’une centaine.

4° Enfin, accusant d’ignorance le clergé des Pays-Bas, il établit, à Louvain, un séminaire général pour les jeunes gens qui se destinaient au sacerdoce, et ferma les séminaires diocésains. Évidemment, il empiétait par là sur les droits des évêques. Il les violait encore quand il réglait lui-même le cérémonial des cultes, fixait le nombre des cierges pour les offices, s’occupait du costume des religieux, etc.

2. Réforme judiciaire. — L’édit du Ier janvier 1787 réforma toute l’organisation judiciaire. Celle-ci comprenait à cette époque :

1° Les justices seigneuriales des villages.

2° Les échevinages des villes[1], dont les membres, ne connaissant guère les lois, avaient auprès d’eux un pensionnaire jurisconsulte.

3° Les officialités ou tribunaux ecclésiastiques. Les officialités jugeaient les clercs, et aussi les laïcs coupables de délits contre les lois de l’Église : les hérétiques, les sorciers, les usuriers, les violateurs du repos dominical, etc.

  1. Nombre de villages avaient aussi des corps d’échevins.