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bles à Bruxelles ; mais, au moyen de troupes allemandes, le marquis rétablit aisément la tranquillité. Quatre doyens des métiers furent condamnés à un exil perpétuel. Un cinquième, François Anneessens, vieillard de soixante-dix ans, monta sur l’échafaud, le 20 septembre 1719. C’était un simple tourneur de chaises, mais son éloquence et sa probité lui donnaient un ascendant remarquable sur le peuple. Il a été surnommé le dernier martyr des libertés communales.

3. Compagnie des Indes. — Le marquis de Prié, voulant faire revivre l’activité commerciale, favorisa la création de la Compagnie d’Ostende pour le commerce des Indes (1722). Mais les Hollandais et les Anglais, redoutant la concurrence, récriminèrent vivement, et le faible Charles VI suspendit, puis supprima la compagnie (1731). En retour, il obtint l’adhésion de ces puissances à la Pragmatique Sanction. On appelle de ce nom un acte célèbre par lequel Charles VI assurait ses États à sa fille aînée, Marie-Thérèse.



CHAPITRE III

Marie-Thérèse (1740-1780).


1. Guerre de la succession d’Autriche. — « Sire, disait un jour le prince Eugène à Charles VI, cent mille hommes vaudraient mieux que cent mille traités pour assurer le trône à votre fille. » En effet, la mort de l’empereur fut le signal d’une invasion immédiate de tous ses États. Le roi de Prusse, Frédéric II, prit la Silésie. L’électeur de Bavière, aidé des Français, se fit couronner empereur à Francfort. Marie-Thérèse dut fuir chez les Hongrois. Elle se présenta devant la diète de Presbourg, tenant son jeune fils[1] dans ses bras : « Abandonnée de mes amis, dit-elle, persécutée par mes ennemis, attaquée par mes plus proches parents, je n’ai plus de ressources que dans votre courage et votre fidélité. C’est de vous désormais que la fille et le petit-fils de vos rois attendent leur salut ». Les magnats, attendris agitent

  1. Joseph II, alors âgé d’un an.