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VII. — MAISON D’ESPAGNE.




CHAPITRE I

Philippe II. — Révolution du XVIe siècle.


§ 1. — Cause de la Révolution.


Le développement de la Réforme fut suivi de luttes atroces entre les partisans de l’ancienne religion orthodoxe et les adeptes des nouvelles doctrines. Ces luttes déplorables font du XVIe siècle une des plus douloureuses périodes de l’humanité. Elles ensanglantèrent une grande partie de l’Europe, et anéantirent la prospérité jusque-là si brillante de notre malheureux pays. La guerre religieuse s’appelle dans les Pays-Bas la Révolution du XVIe siècle. Mais des causes particulières se joignirent ici à la question de religion, puisque les catholiques eux-mêmes s’armèrent contre Philippe II. Ces causes se résument toutes dans l’éducation exclusivement espagnole que ce prince avait reçue. Quoique appelé à régir tant de peuples divers, il avait en effet, par une imprévoyance bizarre de Charles-Quint, passé toute sa jeunesse en Espagne. Il s’était laissé pénétrer de tous les préjugés de ce pays, et il fut entraîné par là dans des fautes irréparables.

1. Impopularité du roi. — Philippe II était rempli d’un orgueil immense, démesuré, de cette morgue proverbiale qui caractérise les Espagnols, même de nos jours. Drapé dans une dignité froide et méprisante, dans une gravité hautaine, il parlait peu, s’exprimait brièvement et toujours en espagnol. Il s’entourait d’un cérémonial régi par une étiquette minutieuse. Dès l’abord, il produisit une impression désastreuse sur nos populations familières, expansives, dont tous les sentiments se traduisent au dehors en manifestations bruyantes, amies de la simplicité, de la rondeur bourgeoises. « Philippe, dit un contemporain, parut désagréable aux Italiens, détestable aux Belges, odieux aux Allemands. »