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mer la confession, la messe et les vœux monastiques. Ses idées, répandues partout grâce à l’imprimerie, trouvèrent de nombreux partisans, et bientôt l’Allemagne presque entière les adopta. Le pape Léon X excommunia Luther, en 1520, mais celui-ci brûla solennellement la bulle pontificale sur la place publique de Wittenberg.

Cependant l’empereur voulait maintenir l’unité religieuse dans ses États, car il craignait que ceux qui se soulevaient contre l’autorité de l’église, ne devinssent aussi rebelles à son pouvoir. C’est pourquoi à la diète[1] de Worms, en 1521, Luther fut mis au ban de l’empire[2], et l’empereur publia des édits d’une sévérité extrême contre les partisans de la religion nouvelle. Ces placards, qui devinrent de plus en plus rigoureux, portaient la peine de mort contre les coupables : les hommes devaient périr par le glaive ou par le feu, et les femmes être enterrées vives. Le redoutable tribunal de l’Inquisition recherchait les hérétiques et instruisait leur procès. Les dénonciateurs n’étaient pas connus, ils recevaient une partie des biens des condamnés. Un historien affirme que, sous Charles-Quint, ce tribunal envoya 50.000 personnes au supplice dans les Pays-Bas.

Mais en Allemagne, les placards ne purent être appliqués : les réformés ou protestants[3] avaient constitué la puissante ligue de Smalkalde, tandis que l’empereur devait combattre pendant vingt ans les Français et les Turcs. Après la paix de Crespy, en 1544, Charles-Quint fit secrètement des préparatifs formidables pour soumettre les luthériens. Ceux-ci levèrent aussitôt quatre vingt mille hommes. Néanmoins l’empereur les vainquit à Mühlberg, en 1547. Mais ensuite, grâce à la trahison de Maurice de Saxe, grâce à l’appui de Henri II, successeur de François Ier, les réformés contraignirent l’empereur à leur concéder la liberté religieuse par la Transaction de Passau, en 1552. Pendant ce temps la religion nouvelle, plus ou moins modifiée, avait gagné la Suisse, la Scandinavie, le Danemark et l’Angleterre. Tous ces

  1. La diète germanique comprenait trois chambres ou colèges : 1er le collège des électeurs ; 2e le collège des princes ; 3e le collège des députés des villes impériales ou villes libres.
  2. C’est-à-dire déclaré déchu de tous ses droits et banni de l’empire.
  3. Le nom de protestants fut donné aux luthériens, en 1529, à la suite de leurs protestations contre les arrêts de la diète de Spire.