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1. Sédition à Gand. — Il se rendit à Gand, lors de son avènement, pour s’y faire inaugurer. C’était précisément le jour de la grande procession de saint Liévin. La boisson surexcitant les esprits, les métiers renversèrent la loge où l’on percevait l’impôt de la cueillote, et soudain les bannières paraissent sur le Marché du Vendredi ! les bourgeois s’y rassemblent en armes, et exigent du duc l’abolition de la cueillote et la restitution des privilèges enlevés après la bataille de Gavre. Charles résista pendant deux jours : la multitude armée et menaçante ne cessa d’entourer son hôtel. Il céda finalement, mais il garda un profond ressentiment de la violence qui lui avait été faite.

2. Révoltes à Liège.a) Les Liégeois, de leur côté, avaient manifesté une joie extrême de la mort de Philippe le Bon. Excités par Louis XI, ils prirent aussitôt les armes et chassèrent de nouveau Louis de Bourbon. Le duc de Bourgogne jura de mettre ce peuple indocile « au fouet et au bâton ». Il envahit la principauté, défit 18.000 Liégeois à Brusthem, et entra dans leur ville triomphalement par une brèche pratiquée dans les murailles. Il porta contre la cité rebelle une sentence rigoureuse : « Les Liégeois perdront leurs privilèges et leurs armes ; leurs murs seront démolis et leurs fossés comblés ; le Perron sera transporté à Bruges. » (1467).

b) Cependant Charles le Téméraire, uni aux seigneurs français, faisait la guerre depuis plusieurs années au roi Louis XI. Celui-ci osa venir presque seul trouver le duc à Péronne, pour traiter de la paix. Les négociations étaient en bonne voie quand la nouvelle éclate comme un coup de foudre, que les Liégeois en armes ont emprisonné leur évêque à l’instigation d’émissaires français. Le duc entra dans une fureur terrible. Il fit saisir le roi et s’arrêta même un instant à la pensée de le faire périr. Toutefois, revenant la modération, il se contenta de lui faire signer un traité désavantageux, et lui imposa l’humiliante obligation d’assister au châtiment des Liégeois.

En octobre 1568. quarante mille Bourguignons vinrent camper en face de Liège sur les hauteurs de Sainte-Walburge. Sans artillerie ni remparts, les Liégeois ne pouvaient songer à soutenir un siège. Six cents mineurs et forgerons du pays de Franchimont tentèrent pourtant une entreprise d’une audace singulière. À la faveur d’une nuit sombre, ils escaladèrent les hauteurs de Sainte-Walburge, dans l’intention de s’emparer des deux prin-