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dre sun influence, car sa politique ambitieuse était insatiable. Il fit donc reconnaître son neveu comme élu en 1456. Ce prince, âgé de dix-huit ans, n’avait aucune des qualités indispensables à un prélat. Il aimait le luxe et les plaisirs. De folles prodigalités le firent tomber dans le dénuement, et les moyens coupables dont il usa pour se procurer de l’argent lui valurent le mépris des Liégeois : « C’est le premier mendiant du pays ! » déclaraient les gens des métiers. Aussi, en 1465, le clergé, la noblesse et le peuple déposèrent ce prince indigne, et conclurent une alliance avec le roi de France, Louis XI. Aussitôt Philippe le bon pénétra dans la principauté avec des forces considérables. Quatre mille fantassins liégeois vinrent s’établir à Montenaeken, dans une position inexpugnable. Les bourguignons les y attaquèrent sans succès. Simulant alors une retraite, ils attirèrent les Liégeois à leur poursuite ; mais soudain, faisant volte-face, ils les mirent aisément en déroute et leur tuèrent deux mille hommes. La ville sollicita le secours de Louis XI. Ce roi perfide engagea « ses chers amis de Liège » à se réconcilier avec le duc de Bourgogne ; et les Liégeois durent accepter la Paix piteuse qui rétablissait Louis de Bourbon, et conférait au duc Philippe l’avouerie de la principauté.

4. Dinant (1466). — Ces arrangements défavorables provoquèrent la formation à Liège d’un puissant parti de mécontents, les couleuvriers. Une troupe de ces gens déterminés se jeta dans Dinant, et excita les habitants à la révolte. Les Dinantais adressèrent de sanglants outrages à la famille de Bourgogne. Un mannequin représentant Charles de Charolais, fils de Philippe le Bon, fut pendu à une potence et criblé de flèches. Le comte de Charolais amena aussitôt 30.000 hommes devant la ville. Le vieux duc lui-même, quoique infirme, s’y fit transporter en litière. La puissante artillerie des Bourguignons eut bien vite ouvert une brèche dans les murailles, et la ville fut prise. Alors se passèrent des scènes affreuses : la ville fut d’abord pillée pendant quatre jours, puis elle fut incendiée, et 800 habitants, liés deux à deux, furent noyés dans la Meuse. Enfin les ruines à leur tour furent démolies : plus de cent ouvriers y travaillèrent pendant 7 mois. Le duc avait voulu qu’on se demandât plus tard : où donc fut Dinant ? — Les habitants qui survécurent allèrent porter leur industrie en France et en Angleterre.