Page:Deprez - Petit cours d'histoire de Belgique, 1916.djvu/10

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 8 —

du bétail de choix, du blé, de beaux chevaux, des armes pesantes, des caparaçons, des colliers.

Certaines tribus avaient deux rois : tels les Éburons et les Trévires. Par contre, les Nerviens, plus jaloux de leur liberté, ne maintenaient la royauté qu’en temps de guerre.

b) La peuplade était divisée en cantons, à la tête desquels étaient des chefs ou rois de canton. Ces royautés minuscules étaient héréditaires dans certaines familles nobles. Les rois de canton formaient le conseil du chef suprême, avec lequel ils délibéraient en commun à la nouvelle et à la pleine lune.

c) Mais les affaires essentielles ne pouvaient être réglées que par la grande assemblée générale des guerriers. Elle seule déclarait la guerre ou contractait des alliances.

Elle siégeait aussi comme haute cour de justice : on pendait à un arbre les traîtres et les transfuges ; les lâches et les gens déshonorés étaient plongés dans la fange et noyés sous une claie.

3. Mœurs.a) Les anciens belges se bâtissaient des huttes informes en bois ou en torchis, à base circulaire, à toit conique. Pas de fenêtre : l’air et la lumière n’y pouvaient pénétrer que par une porte étroite et haute. Le foyer se trouvait au milieu, et une ouverture dans le toit laissait échapper la fumée. Pour l’hiver, ils se creusaient des espèces de souterrains qu’ils chargeaient de fumier, et où les rigueurs du froid pouvaient moins les atteindre. On ne voyait guère dans ces habitations que des ustensiles grossiers, des vases en cuivre étamé, de grands filets pour la pêche et surtout les armes du guerrier, son casque d’airain, sa framée[1], son épée, et son bouclier.

b) Aux yeux du barbare, seuls les périls des combats paraissaient dignes de l’homme libre. Il trouvait de la bassesse à demander à la sueur ce que l’épée pouvait lui procurer. L’ordre de bataille était le coin. Aux premiers rangs apparaissaient des hommes farouches avec des barbes et des chevelures énormes, avec des anneaux de fer aux pieds et aux bras, attestant le serment solennel qu’ils avaient fait de tuer un ennemi. « Ils ont un chant de guerre, le bardil, par lequel ils enflamment leur courage, et, selon la manière dont ce chant retentit, ils augu-

  1. Framée : espèce de longue lance.